Transition énergétique : ce que personne ne veut entendre
1. Le monde carbure toujours aux énergies fossiles
En 2025, plus de 80 % de l’énergie mondiale provient encore du charbon, du pétrole et du gaz. Malgré les investissements massifs dans les renouvelables, la croissance de la demande énergétique (notamment dans les pays émergents) annule les effets positifs.
Exemple : entre 2000 et 2020, la part des énergies solaires et éoliennes a progressé… mais le charbon aussi. Et bien plus vite.
2. Les énergies renouvelables ont leurs propres limites
Oui, elles sont plus propres. Mais elles ne sont ni illimitées, ni simples à déployer à grande échelle. Problèmes :
- Production intermittente (pas de vent = pas d’éolien)
- Besoin en métaux rares extraits dans des conditions souvent non durables
- Dépendance à la Chine pour l’approvisionnement stratégique
« On ne construit pas un Airbus A380 ou une aciérie avec de l’électricité solaire », rappelle Smil.
3. L’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 est irréaliste
Pour l’atteindre, il faudrait réduire les émissions mondiales de 1,45 milliard de tonnes de CO₂ par an. Or, depuis 1995, elles ont augmenté en moyenne de 450 millions de tonnes par an.
Autrement dit : on ne réduit pas encore, on continue d’augmenter.
4. L’efficacité énergétique ne suffira pas
Mieux isoler les maisons, passer à l’électrique, optimiser les rendements… oui, tout cela est utile. Mais pas suffisant si la production d’électricité reste carbonée, et si la consommation énergétique globale continue d’augmenter.
Exemple : une voiture électrique qui roule avec de l’électricité produite au charbon n’est pas propre.
5. Une transition sur plusieurs générations
Historiquement, chaque transition énergétique (bois → charbon → pétrole) a pris entre 50 et 100 ans. Imaginer un basculement total vers le renouvelable d’ici 25 ans relève de l’utopie, selon Vaclav Smil.
Conclusion : lucidité, pas défaitisme
L’objectif ici n’est pas de renoncer, mais d’affronter la réalité. Oui, il faut avancer, mais en étant lucides sur les obstacles techniques, géopolitiques et économiques de la transition énergétique. L’avenir sera plus sobre, plus lent, et nécessitera de vrais choix collectifs.